Growth hacking, black hat et éthique : incompatibles ?

growth hacking

Le désir de faire rapidement de l’argent chez les entrepreneurs est tout à fait légitime et bon nombre d’entre eux utilisent le growth hacking à bon escient pour y parvenir. Cependant, l’ambition de devenir riche devient parfois si forte qu’ils en viennent à utiliser des stratégies marketing peu orthodoxes, ce qui pose le problème de l’éthique. En effet, le fait de vouloir assurer la pérennité de son entreprise justifie-t-il d’avoir recours à tous les moyens ?

Nous avons demandé, dans ce podcast, à Jean-Luc Monteagudo, spécialiste en marketing, d’éclairer notre lanterne à ce sujet, à la lumière de ses différentes expériences professionnelles.

Growth Hacking, Black Hat : qu’est-ce que c’est au juste ?

Le growth hacking (ou le « piratage de croissance ») est une mentalité, un état d’esprit visant à accélérer la croissance (growth) rapide d’une entreprise au moyen de techniques webmarketing bien souvent à la limite de la légalité (hacking). C’est le résultat d’un problème majeur auquel doivent faire face les jeunes start-ups : réussir avec un budget limité.

Pour faire court, le growth hacking, c’est faire de la maille rapidement, faire de l’acquisition de trafic et convertir, quitte à être borderline. Ce qui prime, c’est le résultat.

Le modèle AARRR

Tout growth hacker qui se respecte suit un schéma de travail appelé AARRR. Théorisée par Dave McClure, entrepreneur californien, cette matrice décrit les étapes de développement d’une start-up, allant de l’acquisition d’utilisateurs à leur transformation en clients.

1- Acquisition

La base de tout travail de growth hacking : faire de l’acquisition de trafic qualifié au moyen d’une stratégie multicanale (réseaux sociaux, blog, publicité traditionnelle, SEO et SEA, etc.).

2-Activation

Deuxième objectif : convertir le visiteur en utilisateur. Le meilleur moyen de la faire reste les inscriptions (newsletter, flux rss…). Le succès de cette étape repose grandement sur la première : l’internaute se doit d’avoir une première expérience agréable pour décider de s’inscrire. Soignez donc le design de votre site, sachez mettre en valeur le produit ou le service que vous proposez.

Meilleur growth hack selon Jean-Luc Monteagudo : faire preuve de créativité et s’approprier les techniques marketing sous un angle insolite.

3-Retention

Ce n’est autre que la capacité à fidéliser les utilisateurs, une étape cruciale pour la pérennité d’une start-up. Le growth hacker cherchera des actions à mettre en œuvre pour que l’utilisateur revienne souvent sur le site : de l’innovation en matière d’offres, de nouvelles fonctionnalités, l’organisation d’événements, des promos, du drip marketing, etc.

black hat;white hat;SEO

4-Referral

Le growth hacker doit faire en sorte que les utilisateurs actifs promeuvent la start-up au sein de leur réseau. Ce n’est autre que le bouche-à-oreille version 3.0. Plusieurs techniques pour accroître la base utilisateurs de façon considérable, parmi elles : les offres de parrainage, les jeux-concours, les promos, etc.

5- Revenus

C’est l’étape de la monétisation : les utilisateurs deviennent des clients. Beaucoup de start-ups négligent les étapes précédentes et veulent tout de suite monétiser leur site. C’est une erreur car personne ne paierait pour un service ou un produit s’il n’est pas persuadé de son utilité.

Growth hacking : black hat ou white hat ?

En growth hacking tout comme en SEO, deux philosophies s’opposent : le « black hat »et le « white hat ».

Le « black hat », c’est l’utilisation d’un ensemble de pratiques contraires à l’éthique, voire totalement illégales. Une précision tout de même : le growth hacking ne va pas à l’encontre des intérêts des utilisateurs, son but étant d’accroître leur nombre pour booster la croissance d’une start-up.

Des exemples typiques de « black hat » :

  • Créer des des faux-comptes sur les réseaux sociaux pour accroître le nombre de followers ;
  • Insérer des mots-clés « rankable » dans le code du site pour être bien référencé ;
  • Le spam de commentaires ;
  • Le cloaking ;
  • L’insertion de liens cachés sur un site ;
  • Les linkwheels (génération de liens automatisés qui renvoient vers son propre site web).

A contrario, le « white hat » désigne les bonnes pratiques du web, plus conventionnelles.

La majorité des growth hackers utilisent un mélange des deux méthodes, on appelle cela le « grey hat ». Comme le souligne si bien Jean-Luc Monteagudo, nous faisons tous du « grey hat » d’une certaine manière : toutes ces vérités qu’on ne dit pas, ces petits mensonges que l’on cache par-ci par-là.

Growth hacking à tout prix : et l’éthique dans tout ça ?

Le fait de vouloir développer son entreprise est tout à fait légitime. En tant qu’entrepreneur, le contraire serait même plutôt inquiétant. Néanmoins, la question est de savoir jusqu’où peut-on aller pour assurer notre réussite ? Jusqu’où repousser les limites du growth hacking ?

Cela pose déjà une première question sur l’intention même de l’entreprise. Quel est le but recherché par l’entrepreneur ? Faire des millions ou apporter de la valeur à ses clients ?

Comme le précise Jean-Luc Monteagudo : « un entrepreneur est mû par des valeurs d’éthique ». Le tout est de se sentir bien avec ce que l’on fait, d’être sensible à ce que l’on apporte au client. Des solutions rapides et pseudo-faciles, il en existe, mais cela ne vous apporte rien. L’entreprenariat, c’est un ensemble de valeurs, une quête de soi en quelque sorte, une véritable recherche de sens. Faire de l’argent quitte à écraser les autres n’épanouit personne.

Être un entrepreneur responsable, c’est donc :

  • Proposer des produits et des services qui ont une réelle valeur ajoutée pour le client et répondent à leurs besoins. Ne pas vendre de la m… sous prétexte de vouloir s’enrichir ;
  • Être sincère avec le client, être honnête dans son offre et privilégier l’éthique commerciale. La relation client est l’ADN de votre activité, à vous d’adopter les bonnes stratégies en vue de pérenniser votre entreprise ;
  • Privilégier des partenaires et/ou des fournisseurs qui partagent votre philosophie, vos pratiques, vos modes de fonctionnement, etc..

Comment réussir éthiquement ?

La clé du succès, c’est le réseau.

growth hacking éthique réseau

Alors oui, mais comment faire pour se constituer un réseau quand on part de rien ?

D’une part, il y a les rencontres « in real life » : les colloques, les séminaires, les conférences… Bref, tout évènement susceptible de rassembler un maximum de personnes partageant votre passion, la thématique de votre (future) entreprise.

D’autre part, il y a internet : les communautés sur les réseaux sociaux, les influenceurs, sur YouTube ou autre, vers lesquels vous ne devez pas hésiter à vous rapprocher. La plupart d’entre eux sont prêts à échanger et à vous aider car eux aussi sont passés par là. Soyez proactif et allez vers les autres.

Enfin, dernier conseil, et non des moindres : 1 ou 2 contacts ciblés et qualitatifs peuvent vous rapporter beaucoup, beaucoup plus que 50 personnes contactées au hasard de vos recherches sur le net.

 

Alors, chers amis, allez-vous choisir le côté obscur de la force ou rejoindre l’équipe des entrepreneurs conscients de leur responsabilité ?

 

 

 

2 commentaires

  1. […] consommateur à devenir un consomm’acteur, difficile de ne pas aller dans le sens du marketing. Éthique et marketing ou marketing de l’éthique, peu importe le sens dans lequel on le dit, […]

  2. […] d’esprit aucun outil ne sera optimisé comme il le faut. On comprend mieux pourquoi l’éthique est un terme qui revient régulièrement quand on parle de Growth hacking, sujet déjà abordé en […]

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